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Dog Emotion and Cognition
« Émotion et cognition canines »
Brian Hare, Ph. D., Duke University
Dans ce cours de la Duke University disponible en ligne, Brian Hare nous enseigne différents aspects de l’évolution, de la domestication, des capacités cognitives et de l’agression des chiens ainsi que les différences entre chiens et loups.
Cette formation utilise et est supportée par le livre de Brian, The Genius of Dogs: How Dogs Are Smarter Than You Think (http://www.amazon.com/Genius-Dogs-Smarter-Than-Think/dp/0142180467/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1435875429&sr=1-1&keywords=brian+hare) et utilise les exercises de Dognition (https://www.dognition.com) comme activités de laboratoire dans lesquelles vous pouvez jouer avec votre chien divers jeux conçus par des chercheurs et ainsi obtenir un rapport individualisé décrivant les stratégies cognitives que votre chien utilise et que vous pourrez comparer avec celles des autres chiens.
10 à 15 heures sont nécessaires pour compléter cette formation. Ceci comprend pour une bonne part des conférences vidéo de Brian Hare et de courts examens à choix multiples. Ce cours est disponible gratuitement en ligne et il est possible d’obtenir une reconnaissance officielle pour un faible cout (49 US$). Il est disponible seulement en Anglais. Un sous-titrage en Anglais des vidéos est disponible.
J’ai complété ce cours en environ 2 semaines et je l’ai beaucoup aimé. Je l’ai trouvé très intéressant et bien construit. Brian Hare s’avère être un très bon communicateur. Même si j’avais lu son livre il y a environ un an, j’ai apprécié ce cours car j’y ai appris encore plus.
https://www.coursera.org/learn/dog-emotion-and-cognition
p.s. :les données de Dognition sont disponibles à:
https://www.dognition.com/data-visualization
Voici un résumé.
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Brian Hare définit la cognition comme étant l’esprit qui résout des problèmes de façon flexible. Il précise que les comportements complexes ne reposent pas nécessairement sur la cognition. Par exemple, certains insectes réalisent des constructions complexes mais leurs comportements sont rigides, inflexibles.
La cognition est formée d’une multitude d’habiletés telles la navigation, la mémoire, l’apprentissage social, l’auto-contrôle, l’empathie, etc. L’approche cognitive considère que chaque espèce et chaque individu possèdent une combinaison de ces habiletés à divers degrés, chaque espèce ayant un profil de ces habiletés qui lui est propre; de même, chaque individu possède un profil qui lui est propre.
Dans Dognition, qui est le projet de science citoyenne de Brian, celui-ci a mis à contribution plusieurs milliers de personnes qui ont évalué leurs chiens en utilisant des jeux standardisés (tests). Pour chaque chien testé, Dognition produit un profil (voir les exemples de profils à : https://www.dognition.com/data-visualization)
Les données recueillies lui ont notamment permis de découvrir que :
- il n’y a pas de différence significative entre les races de chiens;
- il y a une très grande variation entre les chiens d’une même race;
- les chiens de race pure utilisent davantage le geste d’un humain indiquant une direction alors que les chiens de sang mêlé utilisent davantage leur mémoire.
Les chiens démontrent posséder la théorie de l’esprit : ils sont capables de penser à propos des pensées des autres (https://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_de_l%27esprit).
Comme chercheur, il favorise l’expérimentation scientifique pour découvrir les mécanismes de fonctionnement interne de l’animal. Un même comportement peut être le résultat de cognitions très différentes; l’expérimentation systématique peut préciser quels processus mentaux sont impliqués.
Il s’intéresse à l’approche écologique de la cognition: l’évolution. L’approche écologique de la cognition considère que la cognition n’est pas un trait uni-dimentionnel qui pourrait être nommé « intelligence ». L’intelligence est composée d’une multitude d’habiletés. Poser la question « Quelle espèce est la plus intelligente? » c’est comme demander « Quel est le meilleur outil, le marteau ou le tournevis? ». Le meilleur peut être l’un ou l’autre : tout dépend de la situation.
L’hypothèse de l’intelligence sociale
Dès l’âge de 14 mois, les humains sont experts à lire les indices sociaux des autres. L’expérimentation avec les chiens a révélé qu’ils sont habiles à lire les indices sociaux. Les chiens savent utiliser l’information provenant des humains lorsqu’ils pointent un objet ou le regardent. Les chiens savent également utiliser l’information provenant d’autres chiens. Les chiens sont de beaucoup meilleurs que les chimpanzés en cela. Les chiens sont également meilleurs que les loups et les renards sur cet aspect.
Pendant 45 ans, soit de très nombreuses générations, Belyaev a sélectionné des renards qui étaient moins craintifs des humains et les croisait entre eux (https://fr.wikipedia.org/wiki/Renard_argenté_domestiqué ) et (https://www.youtube.com/watch?v=0jFGNQScRNY). Il en a résulté des renards qui, non seulement avaient changé de comportement, mais qui avaient également changé physiquement (oreilles tombantes, queue recourbée, pelage pie, etc.). Les renards ainsi domestiqués ont été testés systématiquement et on a appris que ceux-ci étaient meilleurs que des renards du groupe contrôle (i.e.: non domestiqués) à utiliser des indications gestuelles d’humains. Cette habileté semble s’être développée lors de la domestication; il s’agit de l’hypothèse de la domestication.
Domestication artificielle vs auto-domestication
Comment à partir d’un prédateur craint, les ancètres des chiens ont-ils pu évoluer? Brian émet la théorie selon laquelle les loups et les humains ont été des compétiteurs pour la nourriture pendant plus de 50 000 ans. Il croit qu’il est peu probable que les premiers chiens aient évolué à partir de loups que des humains auraient capturés, élevés et sélectionnés pour ne retenir que les meilleurs, les plus sociables avec les humains. Il est plus probable que les loups les moins craintifs profitant davantage des détritus des humains, aient eu de meilleures chances de survie et de se reproduire et qu’ainsi ils se soient auto-domestiqués. Cette théorie est bien décrite par Raymond Coppinger dans son livre, Dogs, A New Understanding of Canine Origin, Behavior and Evolution (http://www.amazon.com/Dogs-Understanding-Canine-Behavior-Evolution/dp/0226115631/ref=sr_1_sc_1?s=books&ie=UTF8&qid=1436133909&sr=1-1-spell&keywords=Rayomnd+coppinger). Coppinger appuie cette théorie par les observations qu’il a faites de plusieurs groupes de chiens vivant dans les décharges publiques à divers endroits dans le monde.
La sélection artificielle réalisée en accouplant volontairement deux chiens est un phénomène récent. Dans plusieurs pays, les chiens vivent encore comme ils vivaient auparavant : ils sont libres, se nourissent de détritus humains et s’accouplent librement. Certains d’entre-eux étant considérés meilleurs que les autres sont adoptés par des humains qui les utilisent à diverses tâches. La sélection s’effectue après la naissance des chiots plutôt qu’avant.
L’hypothèse de l’auto-domestication s’applique également aux humains, lesquels n’auraient pas évolué comme ils l’ont fait sans avoir développé une augmentation de leur tolérance et une diminution de leur agressivité. Les changements morphologiques supportent cette théorie.
Augmentation de la recherche sur la cognition canine
Des chercheurs de nombreux pays font de plus en plus de recherches sur la cognition canine. Ainsi, on a notamment découvert que les chiens peuvent faire des choses fascinantes, telles que:
- apprendre plus de 100 mots (Chaser): https://en.wikipedia.org/wiki/Chaser_(dog) and https://www.youtube.com/watch?v=Lhseg979EQk et https://www.youtube.com/watch?v=KbI13nbDRRI);
- apprendre de nouveaux mots désignant des objets en utilisant le « principe d’exclusion » c’est-à dire que lorsqu’on leur demande d’apporter un objet dont ils ne connaissent pas le nom, ils peuvent déduire que le nom inconnu correspond au nouvel objet;
- faire des inférences à propos de ce qu’un autre, chien ou humain, peut ou ne peut pas voir;
- imiter: « fais comme je fais » (https://www.youtube.com/watch?v=oC3OqbjlxkM).
Nous avons également appris que:
- les chiens sont mal pris lorsqu’ils ont à résoudre un problème par eux-mêmes mais qu’ils sont habiles à utiliser la collaboration d’humains;
- les chiens ne comprennent pas la gravité ni la connectivité (deux objets reliés par une corde);
- les chiens ne se reconnaissent pas dans un miroir;
- les mères et leurs rejetons peuvent se reconnaitre après plusieurs années mais les frères et sœurs sont incapables de se reconnaitre l’un l’autre;
- le bâillement est communicatif entre chiens et humains;
- le contact visuel entre chien et humain augmente leur taux d’oxytocine à tous deux.
Chiens VS loups
Les chiens et les loups ont évolué à partir d’un ancêtre commun. Les chiens ne sont pas des loups; voici quelques différences :
|
Chiens |
Loups |
Tolérance aux étrangers |
Oui |
Non |
Parents coopératifs (père et mère travaillent ensemble pour élever les jeunes) |
Non |
Oui |
Collaboration envers les jeunes (les adultes du groupe travaillent ensemble à élever et à protéger les jeunes) |
Non |
Oui |
Chasseurs coopératifs |
Non |
Oui |
Hiérarchie |
Hiérarchie détendue |
Hiérarchie linéaire stricte |
Relation avec les humains |
Coopération; excellents compagnons de chasse |
Compétition avec les humains |
Enseigner au génie
Le behaviorisme considère que :
- tous les comportements s’expliquent par l’apprentissage;
- tout l’apprentissage est le résultat de conditionnement classique ou opérant;
- l’esprit est une « boite noire » qui n’est pas considérée;
- tous les animaux apprennent en utilisant les mêmes mécanismes;
- les espèces et les individus varient seulement dans leur vitesse d’apprentissage.
L’approche cognitive de la cognition considère que:
- l’apprentissage est seulement un des nombreux mécanismes cognitifs;
- l’esprit existe;
- les habiletés cognitives varient d’une espèce à l’autre et d’un individu à l’autre.
Brian Hare nous apprend que la cognition canine peut nuire aux entraineurs et que la compréhension de la cognition canine peut nous aider à développer de nouvelles stratégies d’apprentissage.
Pour aller plus loin (mes suggestions en Anglais):
Dr. Brian Hare
http://brianhare.net
http://brianhare.net/bio/
The Genius of Dogs: How Dogs Are Smarter Than You Think, Brian Hare
http://www.amazon.com/Genius-Dogs-Smarter-Than-Think/dp/0142180467/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1436134932&sr=1-1&keywords=brian+hare+the+genius+of+dogs
The Brilliance of the Dog Mind
http://www.scientificamerican.com/article/brilliance-of-dog-mind/
Family Dog Project
http://familydogproject.elte.hu
Theory of mind in dogs? Examining method and concept
Alexandra Horowitz
http://www.cogs.indiana.edu/spackled/2011readings/Horowitz.pdf
Louis Cimon