Bécasse américaine - chasse
La bécasse est un gibier peu connu. Il s'agit d'un oiseau étrange: c'est un migrateur qu'on s'attendrait à trouver sur le bord de l'eau avec ses cousins mais il vit dans les bois.
Si on chasse avec un chien, on peut s'attendre à avoir de l'action, d'une part car on en verra probablement davantage qu'on verra de gélinottes et, d'autre part parce que tous les coups de fusils se feront en vol. Le tir s'effectue souvent à très courte distance. Un copain de chasse a mesuré la distance entre le tir et la chute de l'oiseau pendant 40 années de chasse. En moyenne l'oiseau est tombé à 13 verges, ce qui implique que le coup de feu s'est effectué encore à plus courte distance.
Façons de chasser la bécasse
Seul
- il faut marcher beaucoup dans des couverts de peupliers faux-trembles ou
d'aulnes. Ce mode de chasse est éreintant et peu productif.
Battue
- on peut couvrir beaucoup de terrain de cette façon mais ce mode de chasse est peu productif.
À la passe
- on s'installe en un endroit où les bécasses passent au crépuscule et on les tire à la volée. Ce mode de chasse est passablement productif.
Chasseur avec son braque d'auvergne (photo, Gabriel Bédard)
Avec un chien
La bécasse est un oiseau qui se camoufle bien, qui est très discret ce qui fait qu'il est extrêmement difficile à difficile à trouver sans un chien. Par ailleurs, une fois abattu, s'il ne bouge pas, son camouflage est tel qu'il est très difficile à retrouver. On doit donc préférer la chasser avec un chien.
Il s'agit du meilleur mode de chasse à la bécasse. Deux types de chiens conviennent pour chasser la bécasse: le chien leveur et le chien d'arrêt. Le chien leveur sera aussi productif que le chien d'arrêt, mais, à mon avis, la chasse avec un chien d'arrêt procurera de meilleures sensations.
Chien leveur
Avec un chien leveur (ou un rapporteur utilisé comme chien leveur), le chasseur est constamment en alerte, prêt à faire feu à tout moment. Le chien quête (cherche) en zigzags près en avant du maître et dès qu'il flaire un oiseau, il fonce et le fait lever; le chasseur tire puis le chien lui rapporte le gibier abattu.
Chien d'arrêt
Avec un chien d'arrêt, le chasseur adopte une attitude plus détendue: le chien quête en zigzags en avant du chasseur et lorsqu'il flaire un oiseau, il se met en arrêt. Le chasseur approche doucement, tous ses sens sont en alerte et son coeur bat à vouloir sortir de la poitrine car il sait qu'un oiseau est là tout près et qu'il va lui décoller probablement de dessous les pieds d'un instant à l'autre. Le chasseur avance, il regarde devant lui, à hauteur des yeux. Il ne regarde pas le sol car il sait qu'il a très peu de chances d'y voir la bécasse et qu'il perdra ainsi quelques précieuses fractions de secondes pour localiser l'oiseau au moment de son envol. Le chasseur repère les trouées dans le feuillage par où la bécasse pourra chercher à fuir. Tout ce temps, le chien est immobile, certain, par son odorat, qu'un oiseau est là mais, souvent, lui aussi ignore où exactement la dame des bois est tapie. Quelquefois la bécasse piète ou fait de courtes envolées mais, le plus souvent, elle demeure immobile, pratiquement invisible grâce à son camouflage. Le chasseur avance toujours, de temps à autres, il tape du pied pour provoquer l'envol. Soudain l'oiseau jaillit, frôle le chasseur qui, malgré sa surprise, lève son fusil. L'épaule. Le temps change de dimension: il s'étire, les fractions de secondes semblent s'éterniser. Le pouce enlève le cran de sûreté, l'index appuie sur la détente, l'oiseau culbute et tombe. Le chasseur identifie des repères près de l'endroit où l'oiseau est tombé (il marque sa chute) puis il s'y rend avec le chien qu'il fait chercher. Ils ont parfois de la difficulté à retrouver la sorcière des bois qui, même morte, est souvent d'un mimétisme surprenant tant pour l'homme que pour le chien. Quelques instants, le chasseur admire son gibier, lui lisse les plumes et lui place la tête sous l'aile avant de la ranger dans sa gibecière; tradition des bécassiers oblige.
Température idéale de chasse
- Temps frais et calme, temps pluvieux.
- Lorsqu'il vente, les oiseaux sont plus nerveux. Le matin et le soir sont plus
productifs qu'en plein jour. - Lorsqu'il pleut, la bécasse tient habituellement mieux devant le chien.
Les couverts
La bécasse se chasse dans des boisés jeunes tels des terres laissée en friche une dizaine d'années où il y a repousse principalement de peupliers faux trembles et de quelques conifères. On les retrouve en bordures de cours d'eau où il y a de l'aulne. Le sol doit être assez dégagée car dame bécasse n'aime pas s'accrocher les pattes. Son alimentation étant principalement constitué de vers de terre elle trouvera ces derniers dans un sol meuble un peu humide mais pas couvert d'eau. Le type de végétation à rechercher est représenté en rose dans les cartes québécoises éco-forrestières disponibles pour les GPS.
Rétention d'odeur
- lorsqu'elle est sur son nid, un mécanisme biologique résultant de l'évolution fait probablement en sorte que son odeur est réduite. Par ailleurs son immobilité fait que sa faible odeur se répand très peu autour du nid.
- Lorsqu'elle est abattue et qu'elle tombe à la verticale, je suis porté à croire que les conditions physiques (mouvements d'air réduits résultant des caractéristiques aérodynamiques de sa chute et la micro météorologie du moment) sont telles que l'odeur se répand peu autour de l'oiseau dans les instants suivant sa chute.
Les européens prétendent que la bécasse est capable de retenir son odeur. Est-ce vrai ou non, je l'ignore. Cependant, il m'est souvent arrivé à plusieurs reprises d'observer des situations qui pourraient laisser croire qu'elle est en mesure de retenir son odeur. D'abord, lorsqu'elle couve sur son nid, elle semble dégager si peu d'odeur que les chiens semblent ne pas la sentir. Par ailleurs, il m'est arrivé à quelques reprises que mon chien ayant arrêté une bécasse que j'ai abattue nettement soit incapable de retrouver l'oiseau au sol dans les instants de sa chute. Il semble que ce soit dans les cas où l'oiseau est abattu nettement et qu'il tombe à la verticale. Curieusement, ce même oiseau que le chien a senti quelques instants plus tôt à bonne distance en l'arrêtant semble ne plus rien sentir. Si on ne voit pas l'oiseau, il suffit de laisser un repère près de sa chute présumée (ma casquette accrochée à une branche) et de revenir une dizaine de minutes plus tard; le chien décèlera alors très facilement la bécasse qui était "olfactivement invisible" quelques instants plus tôt.
Je ne pense pas que la bécasse soit en mesure de décider de retenir son odeur:
Louis Cimon
Voir aussi: Bécasse